La baisse de stress, le relâchement physique et mental font diminuer l’envie irrépressible de consommer de la drogue.
Retrouver le sommeil, les rêves.
La perte de sommeil est l’un des obstacles majeurs à l’arrêt
de drogue. Nombre de patients déclarent, à la suite d’une
séance de Trager : « Cette nuit, j’ai dormi comme un bébé
! ». Même si les insomnies peuvent revenir par la suite, cela
prouve qu’il est à nouveau possible de dormir et de rêver
sans produit et ouvre un espoir considérable.
Retrouver sensations, émotions, langage.
Les années de toxicomanie amenuisent les effets des drogues,
exigeant des doses de plus en plus fortes pour des effets de moins en moins
probants. A la longue, le toxicomane ne perçoit plus son corps que
douloureux ou anesthésié.
Dans le même temps, l’entourage remarque que les promesses du
toxicomane sont vaines, ses mots ne l’engagent plus à rien. Il veut
tout, tout de suite. Le langage se réduit au silence ou à
la violence.
Les mouvements du Trager font progressivement ressentir le poids, la
mobilité, les nuances, des sensations de plus en plus fines. On
observe la richesse toute particulière des réactions des
participants ; leur joie, leur surprise, leur trouble aussi de redécouvrir
tout cela par leurs propres ressources : des émotions surgissent.
La personne est invitée à donner un mot, une image pour découvrir,
représenter, partager avec le praticien ou le groupe.
Peu à peu, sensations, émotions s’accordent à
un langage verbal et non plus à un produit qui manque (douleur,
violence) ou qui submerge (anesthésie, silence).
Accepter sa nouvelle image.
Lorsqu’un toxicomane arrêt la drogue, les changements vus
de l’extérieur sont spectaculaires et rapides : il reprend du poids,
soigne sa présentation, fait refaire ses dents (ce qui modifie
son visage). De l’intérieur, cette image nouvelle peut déstabiliser
la personne encore fragile. La nouvelle posture liée au poids, la
nouvelle dentition entraînent des douleurs. Le regard des autres
sur soi a changé, c’est troublant.
Le Trager, tout en contribuant lui-même à ce changement,
accompagne la personne en l’aidant à jouer avec ses nouvelles perceptions,
à les apprivoiser. Il participe à retrouver l’estime de soi,
nécessaire pour rompre l’isolement affectif.
Retrouver le plaisir de bouger.
Beaucoup de personnes abstinentes sont tentées par la reprise
intensive d’un sport sur un mode de souffrance, d’expiation… de «
défonce ». Leur état de santé le leur permet
rarement ; c’est alors une nouvelle occasion d’échec.
La pratique conjointe du Trager et d’un sport les invite à s’y
engager sur un mode de plaisir. L’expérience du « lâcher
prise » telle que la propose le Trager aide les personnes fonctionnant
dans la maîtrise, le défi, à retrouver une meilleures
utilisation de leur énergie (c’est souvent le cas des amateurs de
produits stimulants). Dans une séance de Trager, la question : comment
c’est ? Comment ce pourrait être ? Les personnes découvrent
un meilleur contrôle de leur corps et de leurs émotions. Combien
de patients disent : « Je me drogue pour me donner du courage »
ou « Je me drogue pour me calmer ».
Reprendre en compte sa santé.
Les toxicomanes en activité négligent leur santé,
captés par l’unique préoccupation du produit. Selon les drogues
et les pratiques, les dégâts sont plus ou moins importants.
Un des premiers résultats du Trager chez les personnes abstinentes
est le désir de prendre soin d’elles-mêmes. Elles deviennent
actrices de leur santé, le plus souvent avec l’aide d’un médecin.
Cette responsabilisation est probablement l’apport le plus précieux
du Trager dans ce domaine.
Sur un plan plus physiologique, il apporte des améliorations
(en complément des soins médicaux) :
Pour les problèmes de circulation sanguine liés à
la détérioration des veines (à la suite des injections
répétées).
Pour certaines insensibilités locales ou paralysies consécutives
à des traumatismes ou arrêt de circulation dans certains membres
lors de comas.
Pour les problèmes respiratoires dus à des maladies,
des accidents, des inhibitions.
Pour renforcer le systèmes immunitaire des personnes atteintes
par le VIH (baisse du stress, réconfort moral).
Prendre conscience de son corps, relâcher les tensions, en éprouver du plaisir, c’est aussi l’aider à mieux fonctionner.
Retrouver un équilibre de vie à long
terme.
Toutes ces expériences ponctuelles : le lâcher prise,
la mobilité, l’unité du corps…, sont proposées – jamais
imposées - par le Trager dans le cadre sécurisant mais
momentané de la séance.
Ressenties dans le corps, elles atteignent l’inconscient et prennent
place dans la mémoire corporelle, à côté et
en équilibrage des traumatismes passés.
Cela explique les effets cumulatifs et durables des séances,
même si elles s’espacent. Les sensations ses remémorent facilement
à l’aide des Mentastics et affinent les gestes quotidiens. Au cours
de son long parcours pour réaménager sa vie, la personne
abstinente garde à sa disposition ces expériences, en mémoire
dans le corps même si en apparence elles ont été oubliées.
En général, le patient est invité à expérimenter
lui-même les Mentastiques dans sa vie quotidienne d’abord lorsque
ça va bien. Puis, avec un peu d’entraînement, il y recourt
dans les moments difficiles : colère, découragement, insomnie,
envie de reconsommer.
Mais, comme toute découverte ou redécouverte, il faut
du temps pour qu’elle trouve sa place dans l’histoire, le tempérament,
la psychologie de la personne. Cela provoque des émotions,
parfois des conflits intérieurs. Il n’est pas toujours simple de
lâcher, de sentir la liberté, de réveiller des souvenirs
tapis dans le corps. Un soutien peut être nécessaire.
Trager et psychothérapie
Comme nous l’avons vu, les personnes ayant eu recours aux drogues ont
un rapport particulier au langage, souvent très lointain de la réalité
qu’elles vivent. Par les émotions qu’il évoque, les expériences
ressenties – non plus imaginées – qu’il procure, le Trager enrichit
le travail de psychothérapie lorsqu’il est engagé (avec un
autre intervenant) ou permet à des patients à l’entreprendre.
Reprendre son chemin.
L’approche Trager fonctionne en définitive comme l’éducation
: elle propose à l’être en croissance d’intérioriser
ses expériences jusqu’à parvenir à une connaissance
intuitive suffisante de lui-même et du monde pour s’y mouvoir avec
aisance.
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